jeudi 2 juillet 2015

Coup de vent (une énigme estivale)


Arcachon. 30 juillet. J’étrenne un nouveau cahier. Un nouveau stylo par la même occasion. L’appartement est superbe, immeuble moderne, blanc, dernier étage, terrasse en angle avec vue sur le bassin, l’île aux Oiseaux – sans oiseaux –, le Cap Ferret en embuscade, les bateaux qui voguent en rond, le soleil à cheval sur un petit nuage, le vent un peu fou qui ne se décide pas à choisir sa voie. Moi, c’est tout pareil. Chouette ! Ou mouette ! Histoire d’être en phase.

A côté, me domine une grande maison bourgeoise abandonnée, défraîchie. Son architecture détonne autant que celle de mon immeuble pyramidal. Elle jure dans ce décor balnéaire aux crépis écrus trop écrus, aux boiseries bleues trop bleues. Et c’est elle qui semble avoir tout faux. Ses murs de larges pierres travaillées sont incrustés de pans de briques rouges et chapeautés vers la rue par une terrasse bordée de colonnades de grès. L’arrière du toit perpendiculaire à la rue est étonnamment relevé de trois chien-assis en tuiles rouges, ce qui est plutôt typique des maisons du Nord. La dernière de ces lucarnes est immense et constitue à elle seule une pièce. Mais pour le reste, quel gâchis ! L’ensemble est crasseux, lépreux même ; les bois sont pourris et de nombreuses vitres sont cassées.

J’ai une vue directe sur la dernière chambre. Un des vantaux de la fenêtre garde un rideau plus que gris, l’autre est grand ouvert. Je n’aperçois qu’un vague escalier dans une pénombre brune. Jusqu’à ce que le soleil à l’est s’y engouffre et me dévoile un bout de lit bordé d’une couverture à grands motifs orange et marron. 

Mystère que ce lit oublié dans une maison délaissée. Et mystère aussi que cette maison morte au cœur de la ville ardente...

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