Une route de campagne vaguement droite. Deux rangées
de platanes stoïques. Trois ombres qui trottinent en biais, guidées par une
demi-lune. Au total, une belle chorale, soudée par l’alcool des chopes, et une
équipée qui s’est terminée en panne sèche. Pourtant, des litres, ils en ont
pompés et il faut les évacuer. Aucun problème, des latrines gratuites
immenses bordent les chemins et les voilà qui urinent dans les sillons. Cela
dure une plombe parce qu’ils restent plantés là, engourdis dans leurs vapeurs
maltées, hypnotisés par l’haleine brumeuse qu’exhalent les champs labourés.
Silence de la nuit, un silence de chapelle à ciel ouvert où personne ne prie tant les cervelles sont vides. Jusqu'à ce qu'un grondement de moteur résonne dans leur dos. Une voiture, non, deux voitures ! Ils se retournent. Les phares illuminent la route comme un tunnel sous les arbres entrelacés. C'est joli... Mais pourquoi ce tintamarre de freins qui gâche tout ? Des portières s'ouvrent et se referment méchamment. Ni une, ni deux, nos noctambules plongent à plat ventre...
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